Petite anecdote pour commencer : si on collait ensemble toutes les îles de la Polynésie française, le tout serait grand comme la moitié de la Corse, sur un territoire maritime de la taille de l'Europe et pour une population équivalente à celle d'une ville comme Angers :-)
L'arrivée sur Rangiroa et son immense lagon est incroyable. Paraît-il que l'île entière de Tahiti tiendrait dedans...
Exceptionnellement je ne vous donnerai pas le contact du lieu où nous avons dormi (dans le village de Tiputa - logement Air B&B) car le gestionnaire des lieux était un alcoolique notoire, alcoolique et joueur de ukulélé !, le combo des deux nous a voulu durant la 1ere nuit d'entendre sa sérénade jusqu'à 3h du matin, fin bourré sous l'arbre à pin au milieu du village, puis dès le récital fini il s'est mis à tambouriner contre les tôles de la maison pour que sa femme accepte de le laisser entrer, il a réveillé la moitié de l'île puis déclenché les chiens et les coqs des environs qui se sont époumoné à tour de rôle pendant une heure, scène de ménage puis madame (trop bonne !) a remué toute la cuisine pour lui faire à bouffer, enfin au petit matin il s'est endormi. Bref, on n'a pas fermé l’œil de la nuit, pas l'idéal avant d'aller plonger :-(
Malgré ces moments hauts en couleur là où nous logions, nous avons adoré notre étape de deux jours à Rangiroa car les plongées sont à la hauteur de leur réputation mondiale !!!
Ce que nous avons fait/aimé à Rangi :
- Les plongées avec le club 6 Passengers (https://www.the6passengers.com/fr/) et le charismatique Pitou. 6 Passengers est affilié au pass Te Moana qui permet d'acheter à tarif préférentiel (72 000xpf) 10 plongées pouvant être effectuées dans des clubs différents et sur des îles différentes (2 personnes peuvent profiter du même pass) :
1ère plongée tôt le matin à l'extérieur de la passe, le long du récif (à l'aplomb de l'éolienne). Le courant était sortant ce matin là, et donc trop dangereux pour pouvoir plonger dans la passe même. Il nous aurait envoyé dans le grand bleu. On entend les dauphins, clairement, tout près, mais on ne les voit pas. Trois jours qu'ils ne se sont pas montrés ! Tant pis, on admire les balistes titans occupés à se "faire un nid" : déplacement des coraux qu'ils prennent un à un en bouche pour les déposer plus loin, puis en position allongée, ils balaient le sable de leur queue afin que la surface du "nid" soit bien propre :-) On a adoré passer du temps à les regarder ! Pour se dire les choses franchement, nous avons été un peu déçus par les coraux. Rien à voir avec l'explosion de couleurs des Caraïbes, là pas de gorgones rouge ou violette, tout est gris, mis à part les lèvres vertes ou bleues des bénitiers.
2e plongée une heure après, toujours à l'extérieur du récif sous l'éolienne. Au moment de se mettre à l'eau, je le vois. L'aileron fend les vagues et disparaît, refait surface, c'est le branle-bas. La palanquée descend à pic jusqu'à -30m. Une torpille. Un dauphin femelle passe sous nous avec son bébé. Elle repasse sur le côté plus lentement cette fois. Elle nous tourne autour, se fait admirer. Tu l'as vu mon bébé? Il est beau, hein? (une fois en surface notre moniteur nous expliquera que c'était sûrement la raison de l'absence des dauphins ces trois derniers jours, pour la mise bas. A présent la mère vient faire les présentations auprès des plongeurs que ce groupe de dauphins sédentaires connait bien). Soudain une grosse femelle (on nous dira plus tard que les plongeurs de Rangi l'ont surnommée "la Glue"), visiblement jalouse de l'intérêt porté à la jeune mère, se plante au milieu de notre palanquée, à la verticale, nageoires écartées, elle attend qu'on la caresse. Et nous voilà par -30m de fond à la grattouiller comme un gros chat, tout près de moi je vois son petit œil se fermer de plaisir. Après ce long et extraordinaire (!) moment, elle met un coup de queue, se redresse et s'éloigne. Elle reviendra, avec la jeune femelle et son bébé, nager lentement près de moi...un des plus grands moments de ma vie !
3e plongée en fin de journée, dite "plongée sunset", qui se termine par une dérivante (comme en apesanteur !) dans le courant entrant de la passe, aux sons des crustacés qui plaquent des pinces à la tombée du jour (impressionnant le bruit que ça fait ! ). Les dauphins ne sont pas réapparus mais la plongée est belle néanmoins. La mer a pris une teinte bleu cobalt dans laquelle les requins débutent leur chasse nocturne.
- Les déjeuners au restaurant Chez Lili : le carpaccio d'espadon et le mi-cuit de thon rouge, une tuerie !
- Les balades sur le motu de Tiputa : l'église d'une blancheur éclatante car construite à partir de soupe de corail concassée, les habitants du village qui discutent avec nous, les ouvriers extrayant le coprah qui nous hèlent pour qu'on viennent voir leur travail.
- Notre pique nique improvisé le premier soir sur les berges de la passe de Tiputa, assis sur la soupe de corail et l’œil sur la surface de l'eau au cas où l'un des dauphins daigne faire un saut sur fond de coucher de soleil... le miracle n'a pas eu lieu (cela dit, la scène aurait ressemblé à un poster pour chambre d'ado : dauphin + coucher de soleil, un peu trop peut être ?)
Remarque : le dernier jour, il me restait du temps avant notre vol pour Fakarava, j'ai donc pris des sacs poubelle et suis allée ramasser les plastiques qui jonchaient l'extérieur du récit (quasiment sous l'éolienne, non loin de là où nous avions plongé avec les dauphins, une façon comme une autre de ne pas être juste dans la consommation de beaux moments, une façon de rendre un peu). En deux heures, j'ai rempli 8 sacs poubelle 60L de déchets plastiques en tout genre : tongues, brosses à dent, bouchons, beaucoup de bouteilles écrites en chinois, etc. bref pas du plastique provenant d'une quelconque casse de bateaux, non, des déchets de poubelle, des déchets qui ont sciemment été jetés à la mer... De retour à notre logement avec mes sacs poubelles remplis, le maire passait par là. Il m'a dit que ces plastiques étaient le fait de la Chine où les poubelles sont jetées à la mer, le jeu des courants marins fait qu'ils se déposent ensuite ici, le long du récit de Rangiroa. Vrai ou pas, cette accumulation de déchets plastiques est un crève-cœur.
Remarque 2 : Pour les non-plongeurs, je ne conseille pas forcément d'aller à Rangiroa car il n'y a pas de plage (aucun accès facile à la mer pour se baigner, à part à la pension du Lagon Vert), mieux vaut aller à Fakarava.
Remarque 3 : pour plonger dans la passe de Tiputa il est recommandé d'avoir au minimum un niveau 2 de plongée.