Trois heures de belle navigation entre la baie de Roccapina et les îles Lavezzi. La mer est plate, le cata file à 6 nœuds, les enfants jouent au UNO dans le carré. Une nav' idéale. Nous profitons de la journée, seuls au mouillage de Cala di Giunco (LA carte postale des Lavezzi). En plein été, des dizaines de bateaux encombrent la baie. Ce doit être un sacré bazar pour jeter l'ancre. Déjà là, avec "juste" les rochers autour, je n'étais pas fiérote derrière la barre pour suivre les instructions d'Alexandre, en vigie à la proue du cata ! Nous traversons l'île à pieds, seuls et pas bien sereins lorsque nous passons près d'une colonie de centaines d'oiseaux marins mécontents de notre présence... petite pensée pour Hitchcock :-) La végétation et la lumière sont magiques. Au retour de la balade, nous nous arrêtons au cimetière de la Sémillante, là où sont enterrés les 700 marins de ce navire, morts le 15 février 1855, parmi les rochers des Lavezzi. Un naufrage sordide raconté par Alphonse Daudet.
En fin de journée, on profite de la lumière rose, enveloppante, pour faire un tour en paddle et canoë parmi les rochers qui, dans les rayons obliques du soleil, paraissent encore plus volumineux. Douches chaudes, barbecue, ti'punchs et 421 (auquel j'ai perdu avec une belle constance :-)), seuls au monde sous les étoiles.
Le lendemain matin, grand retour du soleil, la mer autour de nous a pris une teinte turquoise hypnotisante, tellement que Coraline (5 ans) en tombe dans les escaliers... les catas avec leur vue à 360° sur l'extérieur, ça peut être dangereux quand l'extérieur en question est trop beau :-) Je prends mon thé assise sur l'une des jupes arrière, entourée de dizaines de poissons. Puis, direction la plage en canoë et paddle. Comme hier, nous sommes seuls !
Une dernière après midi de balade pour profiter de la flore parfumée de l'île puis nous levons l'ancre et tournons cette fois nos étraves en direction de l'archipel Maddalena. Nous optons pour la nuit, pour l'île Spargi, en Sardaigne. A notre arrivée, Juliette et Coraline montent le drapeau italien dans la mature, pas peu fières !
Au petit matin, nous découvrons le site autour de nous, la bien nommée plage di Corsara, parsemée d'énormes rochers creusés, polis, ajourés par la mer et le temps... un lieu de cache-cache idéal avec nos filles (grosse activité familiale en vacances). Après avoir éclusé toutes les cachettes possibles et exploré les environs, nous quittons ce mouillage idyllique pour une heure de navigation en direction du port de Palau. On ne pouvait pas mettre les pieds en Italie sans déguster de gelatas ! Mika, mon compagnon, en profite pour prendre un ristretto, le serveur est habillé d'un gilet croisé trois boutons, la clientèle suit un match de la Juv' à la télé... toute l’Italie est résumée dans ce moment :-) Nous mettons les voiles sous une pluie battante en direction des trois petites îles au nord de l'archipel : Budelli, Razzoli et Santa Maria. A notre arrivée, une heure plus tard, il tombe encore un petite pluie fine et un arc en ciel pose un pied juste à côté de notre cata. La côte de l'île Budelli face à nous a une roche striée de rouge qui contraste avec la mer turquoise. Douches chaudes, barbecue, ti'punchs et 421 sont devenus nos rituels de soirée (oui, je perds, encore et toujours).
A notre réveil, nous nous rapprochons de la côte (nous avions mouillé un peu au large pour la nuit pour éviter de déraper sur les rochers, le vent a soufflé fort). La veille, nous avions aperçu une magnifique crique sur Budelli, donc attirés comme par le chant des sirènes, nous y mouillons le bateau et, aussi sec, on y débarque avec le dinghy. Tout à coup, un vieil hirsute accourt vers nous en criant en Italien, on comprend rien, Mika veut approcher pour essayer de comprendre ce qu'il veut, le gars hurle de plus belle en nous montrant le sable, il a l'air au bout de sa vie ! Visiblement on n'est pas les bienvenus, ça on a bien pigé, donc on repart. Renseignement pris ensuite sur internet : il s'avère que cette plage, Spiaggia Rosa, est désormais interdite d'accès car il y avait beaucoup trop de passages, ça dégradait le site et comme le sable y était rose, les gens en prenaient des quantités folles chaque année, bref interdit désormais d'y mettre un pied et, pour faire respecter cette réglementation, ils ont embauché le vieux fou qui vivait là, sauf que ça aurait été utile de lui apprendre trois mots d'anglais ou de mettre un panneau parce que là ce n'était pas clair, clair, son histoire (en plus nous on voulait même pas le lui piquer son sable !). Tant pis, on se rabat sur la crique d'à côté, magnifique elle aussi et libre d'accès. On y passe la journée entre plages, balades et canoë. Je vous laisse deviner le programme de la soirée...
Remarque : un des désagréments de cette navigation en début de saison est que les municipalités n'ont pas encore nettoyé les côtes des déchets (plastiques, toujours et encore, c'est une véritable plaie) amenés par les tempêtes hivernales. Nous en avons ramassés énormément et les avons rassemblés en tas à l'abri du vent. Dommage que les côtes corses ne soient pas dotées, comme en Finistère sud, de bacs (faits avec 4 palettes) pour collecter ces déchets trouvés par les promeneurs en attendant qu'ils soient évacués par les services techniques.