Samedi 27 novembre, nous rallions le Marin depuis l’aéroport du Lamantin grâce à notre chauffeur de taxi qui connait toutes les contre-allées et itinéraires bis permettant d’éviter les barrages des axes principaux. Chaleur tropicale, orages et première nuit au port sur notre catamaran : Hylia, un Lucia 40 de 11m X 6m (voir vidéo de présentation par les filles).
Dès le lendemain, check-in avec le loueur et clearance de sortie faite dans une gargote de Sainte-Anne, nous tournons nos étraves vers le Nord. Direction Fort de France pour les tests PCR lundi matin. Après avoir doublé le Rocher du Diamant dans le coucher du soleil, nous posons l’ancre à la nuit tombée à Petite Anse d’Arlet et réalisons que la grand-voile est montée sur un système à la con, non une poulie mais un cordage censé glissé dans une gouttière fixée sur le point de drisse et en sortir dès qu’on la descend. Pas du tout ! Grand-voile bloquée en tête de mât. Alors, une fois mouillés, Bernard armé de la chaise de calfat et d’une trousse à outil est accroché à la balancine et monté en tête de mât par Mika et moi – dieu bénisse le winch électrique ! - Problème résolu et descente de Bernard, barbu, le long du mât en pleine nuit, ce qui lui vaut depuis d’être surnommé « Père Noël » par les filles :-)
Lundi 29, nous avons rendez-vous avant midi au laboratoire d’analyses de Fort de France pour les tests PCR, condition sinequanone à l’entrée dans l’état des Grenadines. Impossible d’accéder aux mouillages de Fort de France. Ces zones sont réservées à la Transat Jacques Vabre. D’ailleurs, l’un des derniers concurrents à arriver, La Mie Câline, nous a littéralement déposés dans la baie de Fort de France – impression d’avoir des draps à la place des voiles -. Nous laissons Hylia dans la marina de Pointe de Bout et prenons le ferry pour le centre-ville. Nous parvenons, sur le fil, à faire nos tests – à midi pile, si ce n’est pas de la précision ça -. Le jeu commence maintenant ! Nous avons 72 heures pour entrer dans les Grenadines et y faire notre clearance. 72 heures auxquelles il faut retirer 8 heures pour recevoir les résultats des tests et 2 fois 12 heures de nuit puisque contractuellement nous n’avons pas le droit de faire route de nuit. Voilà voilà. 40 heures pour faire 100 milles nautiques. Descente de cow-boy donc. En attendant le résultat des tests, on pose Hylia aux Anses d’Arlet pour l’après-midi et y passer la nuit au milieu des tortues. Ici débute également le concours de plongeons de Juliette et Coraline depuis les jupes arrières du cata. A 20h, comme convenu, les résultats PCR nous sont envoyés par mail. Tous négatifs. A nous les Grenadines !
Mardi 30, baignade avec les tortues de Grande Anse puis prise de la météo, envoi de la grand-voile et du génois et tout le Sud devant nous. Les poissons volants nous accompagnent dans le canal entre la Martinique et Sainte Lucie, des myriades de poissons volants qui sautent au-dessus de l’eau pour échapper aux dorades coryphènes… et se font boulotter par les nuées de fous qui les attendent en vol stationnaire à la surface – compliquée la vie de poisson volant -. Pris dans les rafales de vent et la frénésie des poissons volants à attraper, l’un des fous à bec bleu se prend de plein fouet notre génois et reste sonné de longues minutes sur le pont. Les bourrasques et la houle venues de l’Atlantique sont surprenantes lorsqu’on débouche d’une côte sous le vent. Ça pourrait être bien pire, nous dit Bernard. Un ris dans la grand-voile et ça passe tranquille… jusqu’à ce qu’on se prenne un grain. Dans les canaux, ils tiennent moins de l’averse que de la punition : sortie de nulle part, brutale et rapide. On reste trempés et hébétés à la barre. Oui, on sait, ça pourrait être bien pire. Descente sous le vent de Sainte Lucie, où nous mouillons à la nuit tombée devant Soufrière, au pied de Petit Piton. Problème mathématique : si les cartes Navionics annoncent un fond à 6 mètres, propice au mouillage, près du rivage mais large de seulement 60 mètres, avant à-pic à - 50 mètres, peut-on raisonnablement dérouler pépouz 40 mètres de chaines ? Réponse : Non, on prend une bouée. Les boat boys d’ailleurs nous sautent dessus dès l’entrée de la baie et leurs embarcations sont comme des insectes qui bourdonnent autour de Hylia. On s’amarre – solidement car ça souffle fort toujours -, les gars nous font payer le mooring et nous interroge : « Français ? Vous venez de Martinique ? Vous nous offrez des Ti’punchs ? » Et nous voilà partis à préparer une tournée de ti’punchs pendant que les filles hissent le pavillon de courtoisie, aux couleurs de Sainte Lucie, dans les haubans. Il pleut toute la nuit. Mika et Coraline ont disposé des seaux sur le pont pour récupérer l’eau pour les douches (voir vidéo des filles sur nos douches de pont).
Mercredi 01 Décembre : nous descendons aux moteurs le long de Sainte Lucie. Pétole. On hisse les voiles, un ris dans la grand-voile, à l’approche du canal menant à Saint Vincent. On sort la ligne de traine. Milieu de canal, ça commence à souffler fort et une survente est à prévoir en sortie de canal en raison du volcan surplombant le nord de Saint Vincent. On prendrait bien un 2e ris, non ? 2e ris pris et un tour dans le génois, on est parés pour la survente et les rafales à 25 nœuds. Merde. On a rentré la ligne de traine quand on a lancé les moteurs pour prendre le ris ? Et ben, une ligne dans les hélices du moteur ! Plonger sous les coques pour couper des cordages pris dans les hélices, ça commence à devenir un hobby chez moi. Nous nous posons finalement à Cumberland Bay, sur l’île de Saint Vincent pour y passer la nuit : une ancre plantée à l’avant du bateau et deux aussières à l’arrière accrochées à un arbre sur le rivage. Hylia ne bouge plus un quillon. Les gars sur la plage de sable noir vivent dans des baraques de tôles, écoutent de la Soca grenadienne à plein volume et fument de la ganja en continu. Juliette et Coraline poursuivent leur concours de plongeons depuis les jupes arrières de Hylia.
Jeudi 02 décembre : nous avons jusqu’à midi – heure de Martinique, 11h heure de St Vincent et les Grenadines – pour rallier Young Island, au sud de Saint Vincent et y faire notre clearance d’entrée avec nos tests PCR en cours de validité. Si ce délai est dépassé : de nouveaux tests sont à faire sur place (220€/personne) et 2 jours de quarantaine sont demandés en attendant les résultats. Au point du jour, nous rallions donc Young Island et nous présentons comme des fleurs pour faire notre clearance. Personne. Normal, il est 8h. Attendons 9h. A 9h30, on nous indique un hôtel où le douanier serait peut-être, quelqu’un l’appelle, deux fois : « he is on the way ». Vu la taille de l’île ça ne devrait pas prendre des heures, non ? Si. Est-ce qu’on a regardé dans l’hôtel de l’autre côté, des fois qu’il y serait ? Non. Donc on y va. Les nerfs en pelote. A 10h30, les vendeurs de fruits sur la jetée ont pitié de nous et nous proposent de rentrer à notre bateau. Ils nous ferons signe quand le gars sera là. On maronne donc dans le cockpit, l’œil sur la montre. 11h… personne. 11h30, notre gars se pointe enfin. Le plus naturellement du monde. Chewy c’est les Cawaïbes ! J’ai préparé un argumentaire long comme le bras pour lui faire comprendre que si on est au-delà des 72h du test PCR c’est bien de sa faute et qu’il est hors de question qu’on en refasse d’autres. Il prend les passeports et les papiers (tests PCR, vaccins, formulaires d’entrée…) des trois bateaux au mouillage et annonce à la cantonade qu’il reviendra dans 4h nous les rendre. Je recale un passeport qui tombe de la pile et glisse au gars : « tu as juste les trucs les plus essentiels à la suite de notre voyage, essaie de tout ramener stp ». Nous abandonnons Hylia, mouillé dans la zone dévolue aux quarantaines, en plein dans un couloir de vent, pour l’îlot non loin : Fort Duvernet, qui offre une belle vue sur les récifs de Young Island. A 16h, notre gars est de retour comme convenu et encaisse 220€ pour nos 5 visas. Comme les autres bateaux, nous levons l’ancre fissa pour rejoindre avant la nuit l’île de Bequia et mouiller à Port Elisabeth – et fuir le couloir de vent de Young Island -.
Vendredi 03 : La baie de Port Elisabeth est magnifique. On est enfin en vacances, posés ! On descend à terre faire quelques courses de frais et acheter une carte digicel afin d’avoir un peu d’internet, ne serait-ce que pour prendre la météo. On veut boire un verre au mythique Whale Boners Bar – au mobilier fait en os de baleine car Bequia a longtemps vécu de la chasse à la baleine - mais il est fermé. La serveuse du bar voisin nous dit que les Grenadines sont mortes en raison de la crise covid, plus personne n’y passe – c’est sûr que si le seul choix qu’ont les touristes c’est de faire 100 milles en 40h ou de payer 220€ un test PCR « on the spot », ça limite le nombre de candidats -. Snorkeling autour des rochers, près du mouillage. Les filles découvrent leurs premiers poissons coffres, demoiselles, papillons, trompettes, etc. Elles ont l’air ébahies mais on a du mal à comprendre ce qu’elles racontent dans leurs masques :-). Dans l’aprem, nous traversons l’île à pieds en direction du Sanctuaire des Tortues, au nord de l’île. Nous sommes accueillis par le propriétaire qui gère le lieu depuis 27 ans. La journée se termine, comme toujours, par les plongeons des filles depuis les jupes arrières (voir vidéo des minettes).
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