Samedi 04 Décembre : dernier snorkeling (palme-masque-tuba en français) à Port Elisabeth et on tourne les étraves de Hylia en direction de Canouan, plus au sud. La mer est belle. Ça souffle fort. Notre pilote automatique – surnommé par nous « Raymond » – barre placidement pendant 2 heures. Canouan était connue il y a quelques années comme la Cendrillon des Grenadines et malheureusement la crise Covid vient de la renvoyer à son statut de déclassée. Pas un touriste, pas un bateau. Un hôtel grand luxe qui semble désert. Nous traversons l’île à pieds pour jeter un œil à « The Pool », le grand récif de corail de la côte au vent – non, les filles, pas « la Poule », rien à voir, faut se mettre à l’anglais, vraiment -. Les gens nous saluent sur le bord de la route, tous ont l’air plus ou moins désœuvré et élèvent quelques chèvres dans leur jardin. De grosses tortues de terre traversent la route inlassablement. Retour au bateau, devoirs des filles au coucher du soleil (à 17h !), et douches de pont. On rajoute 10m de chaines car ça souffle en rafales même au mouillage – on a 53 mètres de chaine au fond de l’eau – et on met l’alarme de mouillage. Comme tous les soirs, on s’active en cuisine : pain « fait bateau », gratin de christophines, ananas présenté cocktail, blanc manger coco (voir vidéo des minettes), accras de morue, etc.
Dimanche 05 : On relève les 53 mètres de chaine – c’est long ! – et nous rejoignons l’île de Mayreau à 1 heure de là. On pose l’ancre pour la journée au milieu de la mythique Salt Whistle Bay, dans 3 mètres d’eau turquoise. La plage est frangée de palmiers qui laissent voir l’océan Atlantique derrière eux. Là encore, ça souffle fort, entre 15 et 25 nœuds en continu – pas grave chose pour retenir le vent dans ces îles toutes plates -. Des tortues sortent le nez pour respirer partout autour de nous. C’est magique ! Covid oblige, il n’y a que 10 bateaux au mouillage, là où d’ordinaire il y en a 3 fois plus. En fin de journée, on lève l’ancre pour rejoindre Saline Bay, au sud de l’île, mieux protégée de la houle – mais pas du vent ! – Ici aussi des tortues sortent la tête autour de Hylia. Des groupes de pélicans survolent la mer dans le coucher du soleil pendant que les filles font leurs devoirs.
Lundi 06 : Magnifique snorkeling après le petit-déj près des rochers bordant Saline Bay. On aperçoit des poissons anges, des chirurgiens, des demoiselles, des sèches, des coffres… les filles se remplissent les yeux ! On achète 3 poissons aux pêcheurs du coin, qu’on accompagnera d’une purée d’ignames et patates douces. Petite rando sur les « sommets » de l’île pour apercevoir les Tobago Cays au loin, sur la côte au vent. Nous buvons un coup dans l’un des nombreux bars du village, un boui-boui construit de bric et de broc par son propriétaire depuis 27 ans. Un petit côté maison de pirate que les filles ont adoré.
Mardi 07 : Après 3 milles nautiques de navigation nous arrivons aux Tobago Cays - un entrelacs d’îlots et de récifs coralliens turquoise – et nous prenons une bouée de mouillage entre les îlots de Petit Rameau et Petit Bateau. Au loin, derrière le récif d’Horse Shoe Reef, on aperçoit Petit Tabac où Pirates des Caraïbes a été tourné – le passage où le stock de rhum est brûlé -. Ce midi nous avons prévu de déjeuner sur Petit Bateau, où des tables de bois coloré sont dressées par les pêcheurs qui proposent poissons et langoustes grillés – les touristes ont interdiction de pêcher les langoustes dans l’ensemble des îles Grenadines -. Des iguanes nous observent depuis les fourrés. Après le déjeuner, nous plongeons sur Horse Shoe Reef mais en vérité le courant et la houle sont tels qu’on a du mal à avancer avec les filles. Nous abandonnons pour accoster avec l’annexe sur l’îlot de Baradal, plus abrité, où nous verrons des tortues et une raie pastenague.
Mercredi 08 : Hier soir, 4 autres bateaux étaient au mouillage près de nous entre Petit Rameau et Petit Bateau. Ce matin, au réveil, nous sommes seuls. Incroyable ! D’habitude les Tobago Cays sont noires de monde. Petites têtes de tortue qui émergent partout autour de nous et plongeons des filles depuis les jupes arrières – depuis qu’on est dans les Grenadines, étant donné le courant et le vent, on leur met une bouée à l’eau, en fait un pare battage attaché au cata à l’aide d’un cordage, afin qu’elles s’y agrippent en cas de besoin, et qu’on n’en retrouve pas une au Panama :-) -. Mika et moi partons plonger à nouveau sur Horse Shoe Reef, mais seuls cette fois. Les coraux parsemés de gorgones, d’éponges et de bénitiers jaunes, bleus ou verts sont incroyablement beaux et accueillent une vie foisonnante. Nous levons ensuite l’ancre de Hylia pour l’îlot de Morpion, tout au sud des Grenadines, un îlot minuscule sur lequel est planté un unique parasol… connu dans le monde entier. Atterrissage en annexe sur Morpion dont nous profitons des eaux cristallines durant une heure, avant de mouiller Hylia à l'abri, sous le vent de l’île de Petit Saint Vincent. Nous sommes le plus au sud de l’état de Saint Vincent et les Grenadines. Ensuite débutent les Grenadines dépendant de l’île de Grenade – Petite Martinique, Carriacou, etc. – mais donc avec un protocole sanitaire différent et 7 jours de quarantaine demandés en plus du vaccin et du PCR… nous passons notre tour. Au mouillage de Petit Saint Vincent, les tortues semblent nous attendre, comme toujours. Mais le mouillage est balloté par la houle et le vent, très rouleur, très instable, nous nous réveillons plusieurs fois dans la nuit pour nous assurer que l’ancre n’a pas dérapée.
Jeudi 09 décembre : bon bah, petit déj avec les tortues, comme chaque fois au mouillage dans les Grenadines. Nous nageons avec elles puis levons l’ancre pour l’île d’Union à quelques milles nautiques. Le village de Clifton face auquel nous mouillons Hylia est une carte postale : maisons de toutes les couleurs, lagon turquoise sur lequel croisent les kite surfs, habitants adorables et pélicans en poste sur les rochers. On y serait bien restés des jours ! Beaucoup de vent et de courant. Pare battage et cordage à l’eau pour sécuriser les minettes et plongeons des jupes arrières… longtemps… longtemps... Pendant ce temps, Bernard ramasse des oursins sur la patate de corail derrière Hylia. Ce soir : caviar d’oursin. L’une des meilleures tables de la baie, en général, c’est celle de Hylia !
Vendredi 10 : Plongeons du bateau sous la surveillance des pélicans puis nous levons l’ancre direction Chattam Bay, de l’autre côté de l’île. Notre route étant Nord Est, soit exactement celle des Alizées, impossible d’y aller à la voile – nous sommes face au vent -, nous tirons donc un long bord au moteur – dit « bord anglais » par les Bretons persifleurs -. La baie de Chattam est notre autre grand coup de cœur. Très apaisée malgré les rafales de vent à plus de 25 nœuds – de nuit, cela donne l’impression d’un avion au décollage : une tension énorme vers l’avant et la structure entière qui tremble. Très impressionnant -. En même temps, il n’y a quasiment personne dans la baie – encore une fois -, on peut bien déraper malgré nos 60 mètres de chaine !
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