Samedi 11 décembre : snorkeling après le petit déj sur les rochers près du mouillage et jusque sur le tombant de Rapid Point, au sortir de la baie. Les fonds sont sans doute parmi les plus beaux que nous ayons vus jusque-là. Au retour, nous tombons même sur un requin nourrice posé sur le sable. Lorsqu’on sort la tête de l’eau – comme des tortues :-) -, nous tombons nez à nez avec les pélicans. Une jolie rencontre. En début d’après-midi, nous levons l’ancre pour prendre la direction du Nord, du retour. Deux heures plus tard nous arrivons à Canouan – même mouillage qu’à l’aller, à Charlestown Bay -. Pendant la traversée, Bernard a pêché un barracuda avec la ligne de traîne. Assommé, vidé et découpé sur le pont, le barracuda est mis au frigo : demain soir c’est sushi – dites le vite c’est marrant!
Dimanche 12 : Rafales à 25 nœuds toute la nuit – ce vent constant m’épuise -. Départ après le petit déj pour l’îlot de Petit Nevis, au sud de Bequia. Petit Nevis est connu pour être le lieu où les pêcheurs de baleines de Bequia viennent découper leurs proies depuis des siècles. Nous espérons donc découvrir quelques vestiges. Malheureusement, malgré ce qu’en disent les guides, il ne reste rien. La balade sur l’île à la végétation méditerranéenne est néanmoins très belle. Beau snorkeling et rencontre avec un barracuda en chasse avant de quitter l’île pour Béquia, direction Friendship Bay sur la côte au vent. Nous y profitons de la fin de journée en admirant les superbes villas cachées dans la végétation. Une heure avant le coucher du soleil, on lève l’ancre – on lève souvent l’ancre vous noterez – pour Port Elisabeth, le grand mouillage abrité de Bequia, côte sous le vent. Enfin, pour la première fois depuis longtemps, nous ne subissons ni vent ni houle au mouillage. C’est reposant ! Avoir entre 15 et 25 nœuds de vent en permanence, ça épuise en vrai. En tout cas, moi ça m’a épuisée. Bon bah, sushis de barracuda ce soir !
Lundi 13 : pas de tortues autour de nous ce matin mais la jolie baie de Port Elisabeth et de la quiétude – impression de remontée à la surface après une plongée -. Matinée snorkeling/plage puis c’est le départ pour la grande île de Saint Vincent, capitale des Grenadines. 2 ris dans la grand-voile dans le canal – c’est-à-dire une grand-voile très repliée pour prendre un minimum de vent – et deux tours dans le génois – même principe mais on l’enroule sur son axe -. Des rafales à 30 nœuds nous attendent en début de canal. Quelques milles plus tard, nous tombons sur un banc de dauphins en plein jeu qui sautent en l’air et font la toupie dans les vagues à quelques encablures de Hylia. Les filles ont des étoiles dans les yeux. Arrivée à St Vincent, mouillage de Walilabou, connu pour être le principal lieu de tournage de Pirates de Caraïbes. En vrai il ne reste pas grand-chose des structures du tournage mais la baie a tout l’air d’être un refuge de pirates et la magie opère. Mouillage « à la con », comme chaque fois à St Vincent : on jette l’ancre et on se rapproche au maximum de la plage « à cul », puis on attache depuis l’arrière du cata deux cordages qu’on frappe sur un arbre de la plage… voilà voilà… bizarre quand même. Le vent est complètement tombé. On se prend averse sur averse. Mika et Cora sont au taquet pour remplir les bouteilles d’eau destinées à nos douches de pont. Il fait moite, on étouffe – j’en suis presque à regretter les rafales des Grenadines -.
Mardi 14 : A notre réveil, le bateau a un peu bougé – moins à cause de la houle ou du vent que de la marée -. On n’a plus qu’un mètre sous les coques. Petite rando jusqu’à la cascade de Walilabou et sa rivière au milieu d’une végétation de matin du monde. On se rafraichit, c’est le bonheur. Au sortir de la cascade, on va pour ramasser des noix de muscade quand un gars nous hèle et nous arrête. La muscade fermée est dangereuse. Il faut la cueillir ouverte afin de ne toucher que le fruit noir dans sa gangue rouge. Il nous en prend sur l’arbre pour nous montrer, croque un fruit pour dégager la noix. « Voilà c’est ça que vous devez utiliser et rien d’autre ». Il nous en fourre plein les mains avant de partir – nous avons de la muscade pour un an - et nous conseille d’assaisonner nos punchs avec – bon, disons 3 mois du coup :-) -. De retour sur Hylia, au menu c’est tian de légumes et chips de bananes plantain – toujours la meilleure table de la baie -. Juliette prépare un gâteau au chocolat et je reste à bord de Hylia pendant qu’il cuit et que tous partent snorkeler près des rochers. Un enfant me hèle de la plage : est ce que j’ai un bonbon pour lui ? Et pour ses potes ? Devant mes réponses positives, il ose enfin la vraie question : est ce qu’il peut plonger du bateau ? Bah, bien sûr, les filles le font tout le temps. En fait, lui veut plonger de devant, là où c’est haut, avec vrille et looping. « Tranquille quand même hein ? Y a que 2 mètres de fond. » Il n’écoute rien. Deux minutes après j’ai 6 gamins à bord qui courent et font des saltos depuis le toit de Hylia « doucement ! doucement ! Et on ne court pas sur un bateau, c’est dangereux ! » Ils n’écoutent rien, jumpent partout, jusqu’à ce qu’un adulte les aperçoive de la plage et les engueule pour être montés sur un bateau. Ils continueront à faire les fous mais à l’autre bout de la plage. A 16h, Bernard et moi faisons la clearance de sortie des Grenadines dans le micro bureau de douane de Walilabou. Nous avons 24h pour quitter l’état.
Mercredi 15 décembre : au point du jour, Mika se met à l’eau depuis les jupes arrières et rejoint la plage dans 1m d’eau pour décrocher les cordages qui nous retiennent aux cocotiers. Relevage de l’ancre et en avant toute, plein nord, direction Sainte Lucie. On remonte le long de la côte – pétole – puis nous prenons un angle à 50 ° du vent de Nord Est afin que Hylia puisse marcher parfaitement sous voile – 2 ris dans la grand-voile et 2 tours dans le génois comme toujours -. Ça tombe bien, 32 nœuds de vent nous cueillent dans le canal. Malgré tout, superbes conditions de navigation : belle mer, pas de grains, le bateau avance bien, parfait. Lorsqu’on a les 2 Pitons de Sainte Lucie par le travers, nous piquons sur l’ile et mouillons dans la réserve marine d’Anse Chastenet. Magique ! Plage de sable noire magnifique et snorkeling de dingo – après 8h de nav’ on l’a bien mérité -. A Walilabou, nous avons acheté à un pêcheur une bonite – un genre de ton – de 3kgs… donc ce soir, c’est sushi !
Jeudi 16 : au programme aujourd’hui : snorkeling, remontée pépouz de Sainte Lucie et mouillage à Rodney Bay, la grande baie du nord, avant la traversée du canal vers la Martinique demain. Et c’est là qu’on entend, sur le canal 16 de la VHF : « sécurité sécurité sécurité. Ici le CROS Antilles Guyane qui émet un Bulletin Météorologique Spécial (BMS) pour le sud Martinique et ses canaux. Avis de Grand frais ». En clair : avis de tempête pour ce soir minuit dans le canal et toute la journée du lendemain. Faut traverser de suite. Branle-bas. On enfile les gants, on ramasse tout ce qui traine, on repêche les filles, on range la vaisselle qui sèche et on lève l’ancre fissa. C’est parti ! Remontée de Sainte Lucie – on sent d’ici les fumeroles de soufres qui s’échappent de cette terre volcanique -, puis c’est le canal. Pas encore les forces 7 annoncées pour la nuit mais on monte tranquille à 35 nœuds en rafales. Pas grave, à 2 ris, la grand-voile à la dimension d’un mouchoir. Ça peut bien souffler. Grosse mer mais les filles sont habituées. Maintenant ça les fait même marrer de monter et descendre des paquets de mer… Le meilleur angle de navigation – pas génial génial mais le meilleur dont nous disposons pour le moment – est à 50° du vent. Ce qui nous donne un atterrissage en ligne droite sur le Rocher du Diamant puis, derrière, sur les Anses d’Arlet. Finir ces 3 semaines de mer à Grande Anse, au milieu des tortues, à l’abri du BMS en cours, quelle meilleure façon de clore ce voyage ?
Vendredi 17 : matinée tortues. Obligé. On en voit tellement. Elles nagent sous nous, continuent leur vie près de nous. C’est magique. En début d’aprem, bah faut s’y coller. BMS ou pas, nous devons ramener Hylia au port du Marin pour 17h ce soir. Alors c’est parti. On n’est pas dans le canal mais on va dire qu’il y a de l’air ! Beaucoup d’air et beaucoup de houle pendant 3 heures – Coraline nous a calculés avant le départ, sur la carte de la Martinique, avec le compas à pointe sèche qu’on en aurait pour 3h -. A 16h, on arrive au port du Marin – toujours rafales à 30 nœuds -, parmi la myriade de bateaux de location qui, comme nous, doivent faire le plein d’essence avant d’être rendus. Le jeu consiste à rester dans la file d’attente, bien en ligne alors qu’on se prend des rafales et qu’il y a des bateaux et des bouées partout autour… et ça dure longtemps cette histoire, y a que 3 pompes sur le quai Fuel. Dernière nuit, finalement au quai de Dream Yacht Charter, dans le port du Marin, le plus grand de la Caraïbe – 2 000 bateaux-. Demain à 10h on rend les clefs de Hylia après cette belle aventure de 3 semaines dans le sud !
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