Samedi 12 février, nous prenons notre catamaran, un Bali 4.0 dénommé Diderot, à la base Dream Yacht Charter de Pointe à Pitre. 1ere nuit à quai avant le check-in du bateau le lendemain matin avec le loueur. Et c’est le départ ! Direction l’îlet Gosier tout d’abord, à 30mns au sud de Pointe à Pitre. Beau mouillage face à la plage du Gosier. Nous sortons l’annexe pour nous rendre sur l’îlet Gosier et marcher jusqu’au phare. Nous sommes dimanche et c’est la fête. Des bateaux à moteurs sont amarrés à cul de la plage, musique à fond et alcool à flot. Ca danse, ça chante à bord. Un dimanche après-midi classique à l’ilet Gosier, nous apprend-on. Un grain nous cueille alors que nous regagnons Diderot. D’un coup la mer est démontée et on n’y voit pas à dix mètres. Ça dure quelques minutes puis le ciel se dégage à nouveau comme si l’on avait activé un bouton On-Off.
Les Saintes – Terre de haut. Nous prenons la direction des Saintes où nous nous amarrons à une bouée face au village de Terre de Haut. Le fort Napoléon nous domine sur les hauteurs de l’île. Balade dans ce village de carte postale. Le lendemain nous visitons le fort Napoléon dans lequel est retracée l’histoire des Saintes. Nous nous attardons dans le superbe jardin méditerranéen à la recherche des iguanes. Un coup de vent est annoncé pour bientôt, nous partons donc nous mettre à l’abri de Basse Terre, dont les reliefs nous protégeront des vents violents… mouhahaha ! Les naïfs !
Petite Anse : du paradis à l’enfer. Nous posons l’ancre au sud de Bouillante, dans une petite baie charmante où de nombreux bateaux sont déjà mouillés. On sympathise avec les bateaux voisins. Juju et Cora ne quittent plus deux petites filles de leur âge. On profite d’avoir beaucoup de place à bord du catamaran pour inviter du monde à bord – la plage avant est horrible quand il s’agit de relever l’ancre (on n’y voit rien) en revanche elle est parfaite pour les apéros au coucher du soleil !- Nous passons ainsi deux jours idylliques. Le coup de vent était annoncé pour mercredi sur les Saintes… On se croyait à l’abri de Basse Terre, mais le vent s’est glissé entre les montagnes et par effet Venturi nous est tombé dessus de façon décuplée, à Petite Anse. Je précise que les mouillages de Basse Terre ont ceci de particulier qu’ils sont « tourneurs » c’est-à-dire que les reliefs autour des baies font tourner le vent qui, au lieu de venir de l’est de façon constante comme dans les Grenadines, souffle à un moment de l’est, puis passe au sud, à l’ouest, au nord… les bateaux tournent autour de leur ancre en permanence. Il faut donc prévoir un rayon d’évitement entre les bateaux… si chacun met 30 mètres de chaines mieux vaut ne pas être trop prêt du voisin quand ça va tourner (ni trop prêt de la plage ou des rochers au risque de finir dessus). Vu la dimension des baies, les 50m de chaines préconisées par le loueur pour faire croire que c’est simple, vous oubliez. A minuit trente, je suis réveillée par des lumières. Ça bouge sur les bateaux à côté, ça remet de la chaine, ça en enlève pour éviter le voisin, ça réancre plus loin au sortir de la baie… Et le vent monte, doucement d’heure en heure, par rafales. Je squatte le carré, un œil sur l’anémomètre qui s’affole, l’autre sur les feux de mouillage des bateaux autour pour vérifier qu’on n’a pas dérapé. Mika me relaie vers 3h ; Puis vient me réveiller quelques minutes plus tard, tout calmement, comme dans un rêve : « Nams ? Je crois qu’on a décroché. » On se rue, lui au puits de chaine, moi aux moteurs. On embarque avec nous Cora qui a émergé de sa chambre pour qu’elle éclaire la chaine à la torche et relaye les messages entre Mika et moi – avec les rafales de vent et le bruit du guindeau on ne s’entend pas !-. On remonte l’ancre, moteurs à fond face au vent. Je nous réavance jusqu’à notre emplacement initial. On réancre sans trop savoir si on n’est pas sur l’ancre des autres tellement tout le monde tourne ! Une heure plus tard, le vent atteint 30 nœuds, le bateau à tribord bouge de façon anormale. Non. C’est nous qui décrochons encore une fois ! Putain ! Nouveau branle-bas. Chacun à son poste : Mika, Cora et moi – oui, Juliette dort tranquillement dans sa cabine et n’en sortira que le lendemain matin en demandant s’il s’est passé un truc pendant la nuit ( !)-. On remonte l’ancre. Le guindeau n’en peut plus face aux rafales de vent. On réancre. Cette fois, plus rien à carrer, on envoie les 50m de chaines. On reste à guetter nos points de repère dans l’obscurité – par bonheur, c’est la pleine lune – et à regarder tétanisés les bateaux qui décrochent tout autour de nous sous les rafales à 40 nœuds. Un monocoque emporté comme un fétu de paille passe à une vitesse folle entre nous et notre voisin, en travers, il ne contrôle plus rien et arrêtera finalement sa course en pleine mer – cherry on the cake : les abords des côtes de Guadeloupe sont truffés de bouées de casiers à fleur d’eau ! Gare à ne pas se prendre leur cordage dans les safrans ou les hélices ! Colin Maillard dangereux de jour, alors de nuit sous 40 nœuds de vent… - Les premières lueurs du jour apparaissent derrière les montagnes quand c’est notre tour. Diderot décroche à nouveau malgré ses 50m de chaines ! A bout de nerf, on remonte le tout – c’est long 50m ! -, les moteurs eux-mêmes n’en peuvent plus, leurs alarmes de batterie se déclenchent. Dans le rugissement du vent, on fait signe aux copains qu’on jette l’éponge, on part pour Bouillante, la baie d’à côté, plus vaste et où on espère moins d’effet venturi. Au petit matin, on peut enfin voir les bouées de casiers sur le trajet.
Bouillante. On est accueilli par les tortues qui sortent leur petite tête à la surface au moment où on pose l’ancre dans la baie et 5m d’eau. Les voir nous sort de notre tétanie. Puis les bateaux amis arrivent dans la foulée pour mouiller dans cette baie moins ventée : Idéfix, Foxy Lady, Allure. La vie reprend. Aujourd’hui est un jour de fête. Juliette a 11 ans ! Gouter d’anniversaire avec les copines d’Idéfix puis baignade tous ensemble dans les sources chaudes de la baie – des eaux thermales « bouillantes donc » sortent de terre ici en provenance du volcan. Elles alimentent l’usine de géothermie de la ville. Une partie est refroidie à 40°C et rejetée en bord de plage, là où une foule de personnes se baignent chaque jour en fin d’aprem -. Coucher de soleil, bonne compagnie, eau soufrée et 3 litres de planteur préparés par Carine de Idéfix… tout va bien à nouveau :-)
Petite Anse (Deshaies). Après un stop à Malendure afin de piquer une tête dans la réserve Cousteau, nous poursuivons vers Petite Anse, au sud de Deshaies. Une baie de carte postale, protégée de l’effet Venturi – je m’en suis assurée avant !-, et peu fréquentée en comparaison de Deshaies. C’est reparti pour les jeux des filles entre Idéfix et Diderot, rebaptisé depuis « Obélix » car notre Bali 4.0 est gros, lourd et tout le temps fourré avec Idéfix :-). Nous sommes donc désormais les Obélix ! Demain nous avons rendez vous à Deshaies pour nos tests antigéniques avant de traverser vers Antigua – mardi nous avons une belle fenêtre météo avec des conditions optimales pour traverser le canal -.
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